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Interview de Marie Laurent







1/ Peux-tu me parler un peu de toi ?

Je suis une grande râleuse devant l’Éternel, avec une fâcheuse tendance à confondre ma vie et mes écrits, d’où des « pétages » de câble réguliers. Mon côté boy-scout rachète un peu le tout.




2/ Comment devient-on écrivain ?

Je dirais pour paraphraser Simone de Beauvoir « On ne devient pas écrivain, on naît. » À la fois vrai et faux. J’avais sûrement ça dans mes gènes, mais il faut beaucoup de travail pour arriver à un petit résultat. Le fait d’avoir beaucoup lu dès mon plus jeune âge m’a aidée.    



3/ Qui t’a donné le goût de la lecture et de l’écriture ?

Mon entourage m’offrait beaucoup de livres. Mon père et mes deux grand-mères étaient des lecteurs acharnés. Étant fille unique, je m’inventais des compagnons imaginaires pour compenser ; j’ai pris l’habitude de créer des histoires, des univers à partir des bouquins que je lisais ; et aussi de la ferme et du théâtre Guignol fabriqués par mon père.       



4/ Comment t’es venue l’idée d’écrire ce genre de livres ?

Tu veux dire les romances ? De treize à vingt ans, j’ai écrit plusieurs histoires sentimentales inspirées des romans que je dévorais. En 2010, suite à un appel à textes des Editions Amorosa, j’ai remanié l’une d’elles qui a été acceptée et publiée sous le nom de « L’aventurière en dentelles. »
La courte romance que tu as chroniquée « La mouche d’Éléonore » est issue d’une nouvelle écrite pour un appel à textes. J’avais trouvé intéressant de moderniser Les Liaisons dangereuses. J’ai aussi transposé Le portrait de Dorian Gray et deux nouvelles de H.P. Lovecraft.              




5/ Qu’est-ce qui a été le plus dur à l’élaboration du roman ? (les idées, les illustrations, l’éditeur …)

Dans ce cas-là, je n’ai eu qu’à suivre le schéma de l’histoire initiale en l’adaptant à l’époque contemporaine (ou à un futur improbable.) J’ai soumis la deuxième version au concours de nouvelles des Editions Laska, mais elle n’a pas gagné. Je l’ai alors développée et envoyée à Artalys qui m’a proposé une publication numérique et papier. L’illustration choisie a fait débat, certains jugeant l’expression d’Éléonore trop figée.        




6/ Qui est le créateur des illustrations sur tes livres ?

Le créateur varie selon le genre du livre et l’éditeur qui est souvent à l’origine de la couv, comme pour La mouche d’Éléonore.  




7/ Quelles ont été tes sources d’inspirations ? (une musique, un film, un auteur …)

Mes auteurs préférés ont été mes sources d’inspiration. J’ai écrit ma romance historique Les deux visages de l’amour » en pensant à « Pontcarral » d’Albéric Cahuet et au film « Un long dimanche de fiançailles. » De même, mon roman érotique à paraître tire son origine de la série télé Le sang de la vigne.      




8/ Est-ce que le mythe de la page blanche existe-t-il vraiment ?

Mieux vaut réfléchir à ce qu’on va écrire avant de se mettre devant l’écran ou alors, la page blanche risque de ne plus être un mythe. J’ai eu une grosse panne après le huitième chapitre de « La fiancée du tsar » car je n’avais pas assez réfléchi à la dernière partie. Au bout de deux jours de réflexion, tout s’est débloqué, ouf !       




9/ Combien de temps faut-il pour écrire un roman de ce style ?

L’histoire a été écrite en trois fois. L’ajout de dix mille mots à la deuxième version a pris une quinzaine de jours, il me semble.    




10/ Peux-tu nous dévoiler un petit extrait de ton livre ?

Bien volontiers.

« Je glissai à nouveau mes pieds douloureux dans les escarpins imitation lézard assortis à la robe et en avant pour le troisième étage. L’escalier résonnait de poums poums qui n’avaient l’air de ne déranger aucun locataire, sauf moi. À croire que l’immeuble était peuplé de durs de la feuille ou de fanatiques de techno. Au bout de trois coups de sonnette, la porte s’ouvrit et un homme se montra dans l’embrasure. Sans prendre le temps de le détailler, j’attaquai bille en tête
― Vous ne pourriez pas baisser un peu le volume ? Il y a des gens qui bossent.
― Désolé, fit une voix aux inflexions contrites, je ne pensais pas déranger. Je vais diminuer le son.
Cette voix eut sur moi le même effet qu’un baume apaisant sur un coup de soleil. Elle correspondait à son propriétaire : un grand garçon souriant et sympathique. Beau, avec ça ; Adrien en plus jeune. Des yeux et des cheveux noirs, un teint mat sans le secours de lampes solaires. La ressemblance s’arrêtait là. Mon voisin était mince alors que Valmont était baraqué ; son visage était aussi plus lisse et dépourvu de plis d’amertume.
― Merci, dis-je. Je travaille tard, vous comprenez ; je suis journaliste
― Presse écrite ou parlée ?
― Écrite.
― Oh ! Passionnant ! Mais nous n’allons pas discuter entre deux portes. Voulez-vous entrer et boire un verre ? Pour me faire pardonner.
J’hésitai, partagée entre le désir d’expédier au plus vite mon papelard et la tentation de passer un moment en compagnie de ce jeune homme qui me dévisageait avec un évident intérêt. Celui-ci concernait-il mon métier ou mes courbes dont ma toilette moulante laissait tout deviner ? Ce serait aisé à vérifier. Je m’entendis accepter d’un ton désinvolte. L’étudiant m’introduisit dans son mini studio, en s’excusant du bordel. Il fallait enjamber des piles de livres et de vaisselle pour accéder à un coin dégagé. Peu de meubles : la fameuse chaîne à l’origine de ma hargne, un vague matelas sur le sol, une table avec un ordi et une chaise que mon hôte m’offrit. Lui, se contenta d’une caisse. Il s’excusa de ne pouvoir me proposer que du whisky ou un jus de fruit. J’optai pour le premier, plus casse-gueule, mais j’avais besoin de me détendre. Entre la rentrée littéraire et les derniers films sortis, j’étais constamment sur la brèche. Aussi ne parlai-je que brièvement de moi, préférant interroger mon hôte. Ludvig, ainsi nommé en souvenir d’un lointain ancêtre teuton étudiait l’archéologie à l’Université Choderclos VII. Était-ce pour cette raison qu’il me dévisageait avec admiration ? Tu exagères, me dis-je. À vingt-huit ans, tu es loin d’être une antiquité. Quel âge a ce Ludvig ? Vingt et un ou vingt-deux ans, probablement. Pas une énorme différence. Mais qu’est-ce que je racontais ? Le whisky me montait à la tête, je n’avais pas l’habitude d’en boire. Des points brillants dansaient devant mes yeux, je riais pour un rien ; enfin, j’étais partie.
― Ce grain de beauté…c’est naturel ? me demanda soudain Ludvig.
Joignant le geste à la parole, il tendit la main et me caressa la joue. J’eus l’impression qu’une aile de papillon frôlait ma peau.
― Non, répondis-je. Chez moi, rien n’est naturel. »





11/ As-tu un projet en cours ?

Oui, une romance historique dont la majeure partie se déroule à Vienne, la dernière année de la vie de Sissi qui est l’un des personnages clé de cette histoire.    





12/ Un petit mot pour tes lecteurs ou futurs lecteurs ?



Je leur dirais de ne pas se laisser rebuter par le côté historique de certains de mes romans. La grande Histoire est là pour servir de guide à la petite, pas pour assommer de détails superflus sur l’époque. Certains pourraient aussi être déroutés par ma prochaine parution, très différente des autres ; je les laisse juge.       

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